Plusieurs articles publiés récemment, insinuent que les difficultés actuelles des exportateurs et transformateurs Ivoiriens pour acheter du cacao afin de couvrir leurs contrats, provoqueraient des pertes comme lors de la crise des défauts spéculatifs de 2017.
Comme l’a indiqué le Conseil du Café-Cacao (CCC) dans son communiqué du 20 février 2023, la situation n’est pas alarmante et ne présente aucune perte potentielle pour le CCC. En effet, les prix actuels sur le marché à terme du cacao étant bien plus élevés que les prix des contrats des exportateurs Ivoiriens, il ne peut y avoir de perte comme en 2017, lorsque le marché a chuté à cause des activités spéculatives auxquelles le CCC a mis fin depuis lors. Ainsi les pertes citées dans ces articles sont fictives et n’engagent que les auteurs desdits articles.
Aujourd’hui la situation est totalement différente de 2017 et celle-ci est connue du CCC, des négociants et transformateurs Ivoiriens ainsi que des multinationales installées en Côte d’Ivoire. La situation actuelle se résume en 3 points :• Lorsque le marché monte, les multinationales par le jeu des primes de certification qu’elles sont les seules à détenir, captent la majeure partie du cacao certifié ou ordinaire, au-delà même des volumes qui leur sont alloués, en violation des règles de la commercialisation interne, dans le but de procéder à des exportations massives des fèves de cacao en lieu et place des nationaux.
- En effet les nationaux dotés de financement et n’ayant pas spéculé comme en 2017, sont réduits à acheter uniquement du cacao ordinaire (non certifié). N’ayant pas de primes de certification, les nationaux ne peuvent donc pas compétir face aux multinationales qui achètent tout le cacao, certifié comme ordinaire, en direct ou via leurs coopératives.
- Les multinationales, détenant donc des surplus de stocks de cacao grâce à leurs primes de certification, mettent la pression au CCC pour se voir réattribuer les contrats de déblocages des nationaux, dans le but d’exporter leurs surplus de stock au prix du marché qui a fortement augmenté.
Face à cette situation, le GNI soutient pleinement toute la gestion actuelle du problème par le CCC, notamment sa décision de plafonner les achats des multinationales strictement à leurs volumes de déblocage initiaux, comme le requièrent les règles de la commercialisation interne.
Le GNI réitère sa demande au CCC d’établir une règle de répartition équitable des contrats de cacao certifiés pour permettre une compétition saine entre les multinationales et les acteurs nationaux. Seule une telle mesure règlera définitivement le problème d’approvisionnement des nationaux et les intégrera dans le circuit de commercialisation du cacao certifié dont ils sont exclus par les multinationales. N’eût été leur exclusion du cacao certifié, les exportateurs nationaux ont les capacités financières et logistiques ainsi que l’expérience pour exporter le double des volumes qu’ils exportent aujourd’hui.