Pilier de l’économie ivoirienne, le secteur primaire notamment l’agriculture, semble être en proie à certaines difficultés. C’est ce qui ressort du 9e rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire, intitulé « Au pays du cacao, comment transformer la Côte d’Ivoire», présenté officiellement ce jeudi 11 juillet à Abidjan Plateau, par Jacques Morisset, Jacques Morisset, coordonnateur sectoriel macro-économie de la Banque mondiale, a appris Le Kiosque de l’Eco.
Selon le rapport, l’économie ivoirienne se porte bien. « Avec une croissance de 7,4 % en 2018 et une projection à 7,2 % en 2019, la Côte d’Ivoire continue de tirer l’activité du continent, juste après l’Éthiopie et devant le Rwanda et le Sénégal. La politique monétaire prudente menée par la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest devrait permettre de maîtriser l’inflation autour de 0,3 % », explique la Banque mondiale. Mais, outre les incertitudes liées aux élections présidentielles, Un ralentissement a été constaté dans le secteur agricole notamment les productions de cacao et d’anacarde qui n’ont augmenté respectivement que de 4 % et de 7 % en 2018 contre 24 % et 9 % en 2017. « Ces chiffres rappellent la vulnérabilité de ce secteur aux chocs climatiques et aux termes de l’échange qui ont été moins favorables en 2018 », explique le document.
A en croire Jacques Morrisset, l’agriculture n’a contribué qu’à 1,2 points de croissance du Pib (ou 14 %) dans l’embellie économique que le pays vit depuis 2012. « Les explications sont multiples, mais elles trouvent leur origine dans la faiblesse des rendements de la plupart des produits vivriers et de rente ainsi que dans le manque de diversification vers des activités à plus haute valeur ajoutée » fait-il remarquer. Pour la banque, les conditions de vie des producteurs ne se sont pas améliorées dans la filière cacao, malgré la forte production de 1960 à 2018. « En 2015, 54,9 % d’entre eux vivaient en-dessous du seuil national de pauvreté. En outre, cette augmentation de la production a été lourde de conséquences pour le patrimoine naturel de la Côte d’Ivoire avec une diminution alarmante des forêts qui n’occupent plus que 3 millions d’hectares contre 12 millions en 1960 ».
Mais, « la Côte d’Ivoire a une opportunité unique d’améliorer les conditions de vie de ses producteurs de cacao et créer des emplois le long de la chaîne de transformation tout en restaurant son patrimoine naturel », a pour sa part indiqué Coralie Gervers, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo. Selon elle, Il est urgent de moderniser la filière cacao et de faire en sorte qu’elle devienne un véritable vecteur de croissance inclusive.
Dans ce contexte marqué par une filière cacaoyère de moins en moins inclusive et un environnement qui se dégrade considérablement, la Banque mondiale propose trois éléments de solution : miser sur la technologie pour accroître les rendements et passer d’une croissance extensive à intensive ; établir des mécanismes de traçabilité pour les acheteurs afin de garantir un produit responsable et enfin développer l’industrie locale de transformation.
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