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Tops / Flops de la semaine par Zonebourse

Les places financières ont décroché cette semaine, tandis que la Réserve Fédérale reste déterminée à poursuivre ses resserrements monétaires, probablement de manière plus forte et sur une période plus longue que prévu. Jerome Powell a ainsi jeté le froid, avec la persistance des tensions inflationnistes, la solidité du marché de l'emploi aux Etats-Unis et la fermeté de la consommation des ménages. Le décrochage des valeurs bancaires en fin de semaine aura rajouté un poids supplémentaire et ravivé l'aversion au risque, malgré des données sur l'emploi mitigées.

par Redaction

Tops 

Vistra (+20%) : le marché salue l’arrivée d’Energy Harbor dans le portefeuille de l’entreprise texane, pour 3 milliards de dollars et une participation de 15% dans Vistra Vision. Cette entité est une nouvelle filiale de Vistra, destinée à accueillir les actifs nucléaires, renouvelables, de stockage et de distribution existants, ajoutés à ceux d’Energy Harbor dans les mêmes domaines.

SEA Limited (+18%) : l’entreprise de Singapour qui opère dans le commerce et le divertissement sur internet, comme son nom ne l’indique pas, a réalisé le premier bénéfice trimestriel de son histoire. Il a fallu pour cela lourdement compresser les dépenses, en particulier en quittant certains pays.

John Wood (+13%) : la spéculation reprend sur l’entreprise écossaise d’ingénierie pétrolière, toujours courtisée par le fonds Apollo, lequel a revalorisé pour la troisième fois son offre initiale. Il aurait proposé 237 GBp par action, un prix que le management de l’entreprise a encore jugé trop faible.

Dick’s Sporting Goods (+13%) : les compteurs sont au vert pour le réseau américain de boutiques d’articles de sports. Les résultats 2022, les prévisions 2023 et le dividende sont tous supérieurs aux attentes. Les investisseurs ont aussi apprécié la façon dont les dirigeants ont réduit leurs stocks, ce qui permet de démarrer le nouvel exercice dans les meilleures conditions.

Traton (+10%) : la filiale poids-lourds de Volkswagen, mieux connue via ses marques MAN ou Scania, a séduit le marché avec des prévisions d’activité solides pour l’année en cours. La confiance du management s’appuie sur un carnet de commandes d’une belle épaisseur. La marge opérationnelle 2023 devrait se situer entre 6 et 7%.

SMA Solar (+10%) : là encore, la hausse s’appuie sur les résultats 2022 et les perspectives 2023. Le spécialiste de l’énergie solaire a connu une fin d’année dynamique, marquée par un afflux de contrats. Le bureau d’études Jefferies a été conforté dans sa recommandation à l’achat, pour un objectif de cours de 85 EUR.

Dassault Aviation (+9%) : le constructeur aéronautique est porté par des marges 2022 plus élevées que prévu. UBS explique que la branche défense a soutenu la rentabilité, notamment parce que les contrats de mise à niveau des Rafale indiens et qataris sont plus juteux que ce qui était anticipé. Cerise sur le gâteau, le trésor de guerre du groupe a considérablement enflé sous l’effet des paiements liés aux précommandes. Le marché n’a même pas tenu rigueur au groupe de prévisions de livraisons un peu étriquées pour 2023 (15 Rafale et 35 Falcon).

Flops 

Belimo (-12%) : l’industriel zurichois a déçu les aficionados en laissant son dividende inchangé, en dépit d’une hausse de ses résultats. Comme la valorisation du spécialiste des servomoteurs est plus que généreuse, ce genre de petit accroc ne pardonne pas. Pour autant, les perspectives sont en ligne avec les attentes du marché.

OVH (-16%) : le titre du leader européen de l’hébergement numérique a été chahuté cette semaine à cause d’une grosse cession de titres par KKR et TowerBrook. Environ cinq millions d’actions ont été vendues à 12,90 EUR pièce. En pareille situation, les cédants doivent proposer un prix attractif pour que le marché absorbe le papier, c’est-à-dire un prix inférieur aux cours de bourse du moment. Par conséquent, une forte pression ponctuelle est exercée sur l’action.

Casino (-16%) : le distributeur a commencé la semaine en annonçant une nouvelle cession de participation pour se désendetter. Le marché est toujours échaudé par les difficultés de Casino à sortir de la spirale de l’endettement. En fin de semaine, le groupe a confirmé négocier le rapprochement de ses activités de distribution en France (environ 9100 magasins concernés) avec celles de Teract, mais cette annonce n’a pas compensé la publication de résultats annuels très dégradés.

HelloFresh (-16%) : douche froide sur le groupe allemand, dont les prévisions 2023 ne sont pas à la hauteur des attentes. La croissance va rentrer dans le rang, puisqu’elle est envisagée entre 2 et 10%, contre 27% en 2022. Quant aux résultats, ils ne devraient pas progresser aussi fortement que ce que les investisseurs espéraient. JP Morgan, déjà très prudent sur le dossier, a réduit de 21 à 17 EUR son objectif en restant négatif.

JCDecaux (-18%) : les résultats 2022 n’étaient pas flamboyants, mais la sanction hebdomadaire est surtout venue des prévisions pour le trimestre en cours, qui intégraient une vive contraction de l’activité en Chine en début d’année. Le groupe estime qu’une inflexion positive se dessine en mars, mais le marché veut le voir avant d’y croire.

Euroapi (-26%) : l’ancienne filiale de principes actifs de Sanofi continue à désespérer ses actionnaires. Après des résultats mitigés, puis des soucis de production, la société a annoncé des prévisions très inférieures aux attentes. Le titre a décroché de 22% sur la seule séance de mercredi.

SVB Financial (-63%) : la banque de la Silicon Valley a jeté un pavé dans la mare jeudi après-midi en annonçant avoir besoin de capitaux frais après avoir été forcée de céder à perte un portefeuille obligataire. Les investisseurs ont fui le titre, qui s’est effondré. Plus globalement, toutes les valeurs bancaires, même les plus grosses, ont été attaquées après l’épisode SVB.

Matières premières
Energie : Coup de mou sur les cours pétroliers, qui ont subi plusieurs vents contraires, à commencer par les données économiques mitigées en provenance de Chine, dont les importations de pétrole brut se sont contractées d’un peu plus de 1% en glissement annuel sur le mois de février. Ensuite, ce sont les déclarations de Jerome Powell qui ont pesé sur les cours des actifs risqués, dont le pétrole. Le président de la Réserve Fédérale a durci le ton en préparant les financiers à davantage de hausses de taux afin de tordre le cou à l’inflation. Les stocks hebdomadaires américains ont enregistré leur première décrue de l’année. Ils ont diminué de 1,7 million de barils alors que le marché s’attendait au contraire à une nouvelle progression de l’ordre de 1,3 million.  Au niveau des prix, Les cours du Brent de l’Europe du nord et du WTI américain cèdent du terrain à respectivement 82 et 76 USD le baril. Concernant le gaz naturel en Europe, le TTF de Rotterdam fait du surplace autour de 46 EUR/MWh.

Métaux : Les prix des métaux de base ont également emprunté le chemin de la baisse cette semaine. La dernière réunion annuelle du Parlement chinois n’a pas suscité d’engouement particulier. Les négociants s’attendaient certainement à l’annonce de nouveaux plans de relance susceptibles de grossir la demande en métaux industriels mais il n’en fut rien. Par ailleurs, Pékin a dévoilé une contraction de ses importations de cuivre sur les deux premiers mois de l’année de l’ordre de 10% en glissement annuel, de quoi miner le moral des financiers. La tonne de cuivre se négocie autour de 8820 USD au LME, contre 23225 USD pour le nickel et 2290 pour l’aluminium. L’or de son côté se stabilise à 1850 USD. La Chine (encore elle), a une nouvelle fois augmenté ses avoirs en or avec un achat de 25 tonnes le mois dernier.

Produits agricoles : Nouvelle séquence hebdomadaire de baisse pour les cours des céréales, et ce, malgré les avertissements du Bureau australien de l’agriculture, qui s’attend à une nette diminution de sa production agricole en raison d’un temps anormalement sec. A Chicago, le boisseau de blé s’échange en baisse à 665 cents, tout comme le boisseau de maïs à 610 cents.

Macroéconomie
Ambiance. Valse en trois temps. Il y a eu trois phases sur les marchés cette semaine. D’abord, celle du durcissement de ton de la Fed vis-à-vis de la trajectoire des taux, qui a poussé les financiers à changer leur pronostic pour le prochain mouvement de la banque centrale le 22 mars. De 25 points de base de relèvement, la majorité est passée à 50 points de base. Puis, jeudi, un grand bazar provoqué par les déboires de la banque californienne SVB Financial, qui a mis le secteur financier au tapis et fait reculer les rendements obligataires. Enfin, troisième phase vendredi : des statistiques du marché du travail américain pour février qui sont allées dans le sens d’une modération des hausses de taux. Si les créations d’emploi sont restées robustes, la hausse du salaire horaire s’est réduite et le taux de chômage est remonté à 3,6%. Les rendements ont encore baissé et le pronostic est reparti en faveur d’un resserrement monétaire de 25 points de base.

Devises. Les chiffres de l’emploi américain publiés vendredi ont fait chuter le dollar, pour les raisons expliquées juste au-dessus. Le Dollar Index a quitté la zone de 105,20 pour reculer autour de 104,80. L’euro se négociait 1,63 USD en fin de semaine. Les devises liées aux matières premières ont connu une semaine compliquée, en particulier l’Aussie, dont les pertes ont dépassé 1,5% face à l’euro, au dollar et à la livre sterling.

Taux: Alors que le discours de Jerome Powell s’est logiquement révélé être plus faucon que colombe, les marchés attendaient fébrilement la publication des créations d’emplois aux Etats-Unis afin de conforter la position hawkish de la Fed. Jusqu’à présent, au moins depuis octobre dernier, les marchés actions évoluent en sens opposé aux rendements des obligations d’Etat. Pourtant, cette fin de semaine aura été marquée par un revirement de situation. Les risques inhérents à la banque SVB se sont traduits par un mouvement classique de fly to quality, les investisseurs préférant se reporter sur les obligations et délaisser les marchés actions. Ce changement de paradigme demande toutefois à être confirmé au cours des prochaines séances. Un premier élément de réponse devrait nous être fourni dès mardi prochain avec la publication du CPI. Affaire à suivre.

Cryptomonnaies. Le bitcoin chute lourdement de 11% cette semaine et revient de nouveau flirter avec les 20 000 dollars à l’heure où nous écrivons ces lignes. Avec l’effondrement de la banque crypto-friendly Silvergate, le renforcement de la répression réglementaire à l’encontre des acteurs de l’écosystème aux Etats-Unis, et en toile de fond, le contexte macroéconomique qui peine à donner des catalyseurs positifs pour relancer durablement les actifs risqués, le marché des cryptomonnaies fait pâle figure. Les aficionados du bitcoin vont devoir prendre, encore une fois, leur mal en patience avant de revoir le ciel s’éclaircir dans la cryptosphère.

Calendrier. Les Etats-Unis passent à l’heure d’été ce week-end, quinze jours avant l’Europe. Wall Street ouvrira donc à 14h30 heure de Paris, tandis que les horaires des statistiques récurrentes sont avancés d’une heure. Le marché prendra donc connaissance à 13h30 mardi des chiffres de l’inflation de février aux Etats-Unis, et à 13h30 mardi d’une autre rafale de statistiques américaines : prix à la production, ventes de détail et indice Empire State. Jeudi, retour en Europe avec une décision de politique monétaire de la BCE, probablement un relèvement du taux de refinancement de 3 à 3,50%. Vendredi, nouvelle incursion aux Etats-Unis avec la production industrielle de février et l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan de mars.

 

Comme un goût de 2008
Cette semaine, les marchés financiers ont connu une baisse en raison de la décision de la Réserve fédérale de poursuivre son resserrement monétaire de manière plus forte et plus longue que prévu. Cette décision découle de la persistance des pressions inflationnistes, de la solidité du marché de l’emploi américain et de la consommation élevée des ménages. De plus, la chute des valeurs bancaires en fin de semaine a aggravé la situation et renforcé l’aversion au risque, malgré des données mitigées sur l’emploi.

 

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