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Ntoudi Mouyelo : « Nous devons promouvoir le succès des Fintechs en Afrique l’ouest »

Entretien de KiosqEco avec Ntoudi Mouyelo, directeur des investissements Rwanda Finance Ltd.

par Kamagaté Issouf

Quel regard portez-vous sur les Fintechs d’Afrique francophone ?

Si nous regardons l’inclusion financière en général et si nous regardons par exemple tout ce qui est mobile money, transfert d’argent et paiement à travers les Fintech en Afrique de l’ouest francophone, il y a clairement des succès qui sont de réels impacts sur la vie des gens dans leur quotidien.  Donc ce concept de fintech n’est pas quelques choses d’abstrait, c’est quelques choses qui est réel. On peut prendre des exemples très simples. Il y a des acteurs qui aujourd’hui permettent de faire des paiements sans avoir à se battre pour avoir de l’argent ou des billets sur soi. C’est en soi une révolution, donc ce succès de Fintech en Afrique l’ouest est un phénomène que nous devons promouvoir, faciliter où que nous soyons. Le Rwanda veut mettre sa pierre à l’édifice en donnant aux Fintech de Côte d’Ivoire en particulier la possibilité de tester leur solution à partir du Rwanda, mais aussi leur donner la possibilité de s’étendre de se développer dans d’autres coins de l’Afrique. Parce que ces solutions innovantes doivent profiter au grand nombre.

 

Quand on parle de Fintech on ne voit automatiquement que les transferts d’argent. Quels sont les mécanismes que celles-ci peuvent développer pour élargir leur champ d’action ?

Il est vrai qu’on parle aujourd’hui de transfert d’argent et de paiement. Mais il y a d’autres Fintechs qui révolutionnent aujourd’hui notre vie de tous les jours. Notamment celles qui permettent d’avoir accès à du crédit instantané à travers le téléphone. Des Fintechs qui facilitent l’accès à du financement sont des Fintech importantes également. Les Fintechs, ce n’est uniquement le paiement. Nous avons des Fintechs qui permettent aujourd’hui d’investir, d’avoir accès à des produits financiers pour augmenter sa richesse. Il y a d’autres Fintechs qui permettent de contrôler ou  de  vérifier la conformité des opérations financières. Donc réduire les Fintechs seulement au paiement ou au transfert ce n’est pas les rendre leur vraie place. La vraie place des Fintechs, si on regarde ce que veut dire le mot Fintech, ce sont des compagnies technologiques qui facilitent les transactions financières, qui représentent toute la finance (Assurance, banque, paiement, l’investissement…).

 

Quand on regarde la carte de l’Afrique, on voit qu’il y a des déséquilibres sur la couverture ou la présence des Fintechs concernant les différentes sous régions du continent, comment expliquez-vous cela ?

Vous soulevez un très bon point. Nous avons présenté une carte de l’Afrique qui en fait montrait la présence des centres financiers à vocation internationale ou régionale. Aujourd’hui en Afrique subsaharienne le seul vrai centre financier reconnu pour sa vocation internationale , c’est le centre de Kigali. Et qu’est ce qu’on a fait pour que ce centre existe et ait cette réputation ? Nous avons regardé ce que les autres centres financiers similaires offrent et comment ils sont définis, parce que nous ne sommes pas là pour réinventer la roue. Donc nous avons pris des modèles en Asie, en Europe et en Afrique pour apprendre de nos paires. Par rapport à ces modèles nous avons modifié les lois, nous avons mis en place les règlements nécessaires pour être maintenant attractif et compétitif si bien qu’il y a aujourd’hui de plus en plus d’entreprises d’acteurs financiers, d’opérations financières, qui se font à partir du Rwanda, pour le Rwanda et pour l’Afrique.

 

Vous parlez également de perception de risque réduit pour investir au Rwanda, quels peuvent être les autres facteurs qui particularisent le KFC ?

Le Kigali Financial center (KFC), il y a effectivement la perception très positive dont jouit le pays notamment en termes de conformité et de transparence qui jouent un grand rôle. Le deuxième aspect qui fait la différence c’est l’efficacité. Dans quelle mesure est-il facile de faire des opérations, dans quelle mesure est -il facile d’opérer à partir du Rwanda. La lourdeur administrative est quelques chose contre laquelle nous nous battons tous les jours au Rwanda. La facilité d’accéder au service public est une priorité pour le gouvernement au Rwanda. Et c’est de cela dont bénéficie tous les acteurs toutes les Fintechs, tous les investisseurs qui décident de s’installer au Rwanda. La raison numéro un pour laquelle les gens viennent au Rwanda c’est parce que c’est la place qui a l’une des perceptions les plus positives sur le continent et parce qu’il est facile de faire des affaires. On parle business on ne parle pas d’autres choses. Et je n’ai pas mentionné les aspects fiscaux. Parce qu’il y a d’autres pays qui offrent des avantages fiscaux.

Vous parlez de 15% d’imposition. Par exemple une entreprise  qui paie régulièrement ses employés depuis ce centre ne peut pas être exonérée des taxes ?

Le taux d’imposition au standard normal au Rwanda est de 30%. Parce que nous voulons attirer plus de Fintech, nous voulons que les investissements dans les Fintech puissent apporter plus de retour sur investissement, on a décidé d’offrir aux Fintech basées au Rwanda d’avoir accès à un taux de fiscalité qui est de 15% au lieu de 30%. C’est une décision murement réfléchi.

Aujourd’hui quel bilan faites vous des Fintechs en Afrique de l’ouest  francophone, combien adhère au projet du KFC ?

Au niveau des Fintechs d’Afrique francophone, nous sommes heureux d’avoir un partenariat avec l’association des Fintech de Côte d’Ivoire, avec l’Africa Fintech Forum qui regroupe les pays d’Afrique francophone de l’ouest et du centre. Ce qui permet les échanges, nous sommes encore au début de la relation, nous ne sommes pas au niveau de compter combien d’entités individuelles sont venues au Rwanda. Par contre ce que nous regardons ce sont les activités qui ont eu lieu aujourd’hui et ce que nous voyons aujourd’hui, c’est 1 : des investisseurs basés au Rwanda qui regardent des investissements dans des Fintechs de Côte d’Ivoire, c’est 2 des Fintechs ivoiriennes et rwandaises qui décident d’avoir des partenariats ensemble. C’est 3 :  des Fintechs rwandaises qui décident de s’installer en Côte d’Ivoire et c’est cela pour nous la force du Centre financier. C’est créer ce dynamisme au-delà des frontières, sur le continent.

Interview réalisée par Kamagaté Issouf

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