Bonjour ! Vous pouvez nous parler un peu de ce rapport 2025 de la BAD ?
Bonjour ! Oui, chaque année lors des assemblées annuelles du groupe de la Banque, nous lançons notre rapport phare sur les résultats et la contribution du groupe de la Banque au développement de l’Afrique. Ce qu’on appelle le rapport sur l’efficacité du développement. Cette année, ce rapport est publié sous le thème « Soutenir la résilience et stimuler la transformation ». Le rapport décrit un contexte international particulièrement difficile, qui est marqué par des turbulences économiques mondiales, des tensions géopolitiques, une recrudescence des conflits et des pressions climatiques croissantes.
Malgré ce contexte assez difficile, l’Afrique continue de faire preuve d’une résilience remarquable, comme cela a été souligné lors de la présentation du rapport sur les perspectives économiques de l’Afrique, une publication sœur du groupe de la Banque, qui met en relief une croissance soutenue d’environ 3,9% en 2025. La revue en question illustre la réponse de la Banque à ces défis, et le travail qu’elle fait avec les pays africains pour accélérer la croissance inclusive, renforcer la résilience et stimuler le développement à long terme du continent. Ce rapport présente les principales réalisations dans le cadre des priorités stratégiques visant à stimuler la transformation de l’Afrique, qui sont connues sous les fameux « high five » que tout le monde connaît aujourd’hui, éclairer l’Afrique, l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations africaines.
La revue 2025 reflète une focalisation accrue sur ce nouveau cadre de gestion des résultats que nous avons approuvés l’année passée, avec un ensemble d’indicateurs plus resserrés et plus simplifiés qui s’articulent autour de ces priorités stratégiques et des domaines transversaux tels que l’autonomisation des jeunes, l’égalité de genre, la gouvernance économique, l’action climatique et la réponse. Il met en lumière les résultats obtenus en 2024, qui est la toute première année de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie décennale du groupe de la Banque. Je peux citer certains de ces résultats.
14 millions de personnes ont bénéficié d’un accès aux meilleurs soins de santé, 5 millions ont bénéficié d’un accès à l’eau potable, 3,5 millions ont bénéficié d’un meilleur accès au transport, ce qui renforce les corridors commerciaux ainsi que l’intégration régionale dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine. Voici quelques-uns de ces résultats clés qui sont présentés dans ce rapport. Il y a de nombreuses histoires de l’impact de ces résultats sur la vie de tous les jours des Africains.
Peut-on avoir une idée sur les premiers résultats atteints par la BAD en Côte d’Ivoire ?
Très bonne question. En Côte d’Ivoire, le lancement de cette publication aujourd’hui, lors de ces assemblées de 2025, nous offre l’occasion d’avoir un regard rétrospectif sur les dix années passées, qui correspondent au mandat du président Adesina, qui se termine cette année.
Quand on porte ce regard rétrospectif, on voit que les investissements de la Banque en Côte d’Ivoire s’élèvent à environ 4,6 milliards de dollars. Ce sont des chiffres sur les dix ans de 2015 jusqu’à ce jour 2025. C’est une estimation d’environ 4,6 milliards de dollars.
Comme je le disais, ce sont des chiffres, mais au-delà de ces chiffres, il y a des réalisations qui sont très visibles dans le quotidien des Ivoiriens. Je parlerai particulièrement du projet de transport urbain d’Abidjan, qui a véritablement transformé et modernisé le paysage urbain de la capitale économique de la Côte d’Ivoire, qui a amélioré sa fluidité et mobilité urbaine, et renforcé sa compétitivité comme une des plus grandes métropoles du continent. On estime qu’Abidjan va compter plus de 8 millions d’habitants d’ici 2030-50.Pour nous, c’est très important de pouvoir renforcer la compétitivité et la qualité de vie des populations de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Un autre secteur dans lequel la Banque a considérablement investi, c’est dans le secteur électrique de l’énergie. Nous avons investi dans la capacité de production d’énergie pour environ 600 MW à travers, entre autres, des investissements dans Ciprel et Azito, ainsi que des lignes d’interconnexion électrique régionales sur plus de 1 400 kilomètres, qui connectent la Côte d’Ivoire avec la Sierra Leone, la Guinée et le Libéria.
Ainsi, la Côte d’Ivoire a aujourd’hui atteint un taux d’électrification dans les régions à plus de 95% au niveau des ménages. Travers le pays, le taux d’électrification a dépassé les 70%. Ce sont des progrès considérables et tangibles pour lesquels la Banque a été très honorée de pouvoir contribuer avec les autres partenaires de développement de la Côte d’Ivoire.
En quoi ce rapport diffère-t-il du précédent, celui de 2024, notamment en matière d’inclusivité et de résilience?
Il ya des progrès tangibles à travers les différents domaines stratégiques, notamment des High five. Mais à l’échelle du continent, on constate que les progrès demeurent lents, insuffisants et contrastés à travers les différentes régions du continent. La nouvelle stratégie relève au besoin d’accélérer la transformation du secteur agricole pour pouvoir monter sur les chaînes de valeur, d’accélérer les investissements dans les infrastructures. Il y a un besoin d’accélérer le rythme, d’augmenter l’intensité de ces investissements, de pouvoir monter en échelle parce que les pressions, les besoins légitimes des populations sont quand même assez significatifs.
Hier, lors de la session sur la jeunesse, le président de la Banque a relevé qu’il y a environ 16 à 17 millions de jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année. Seulement 3 millions arrivent à trouver du travail. Cela veut dire qu’il y en a environ 8 ou 9 qu’on laisse sur le carreau, qui n’ont pas d’emploi. Et même parmi les 3 millions qui arrivent à trouver de l’emploi, ce sont des emplois assez précaires dans le secteur informel. Donc oui, des progrès significatifs ont été réalisés à travers le continent, mais cela reste insuffisant, cela reste lent par rapport à la pression démographique, à l’exode rural que nous voyons, les jeunes qui viennent dans les villes, les jeunes qui quittent le continent pour aller chercher de l’emploi. On parle de plus de 70 000 jeunes qui quittent le continent par défaut d’opportunités d’emploi sur le continent.
Donc les défis sont quand même assez significatifs. Il faut que nous investissions plus, il faut que nous accélérions la mise en œuvre des projets phares d’investissement à travers nos pays, afin de pouvoir véritablement répondre à ces défis et répondre aux aspirations et aux attentes légitimes des populations.
Est-ce que le nouveau président qui sera élu à la tête de la BAD va poursuivre la mise en œuvre des high five ?
Nous avons suivi très attentivement les dossiers de campagne des différents candidats. Les candidats sont en phase avec ce programme. Beaucoup mettent en exergue le besoin d’accélérer, d’intensifier, d’améliorer l’efficience opérationnelle de la banque pour pouvoir atteindre des résultats beaucoup plus impactant. Donc c’est beaucoup plus dans le comment, comment le faire et il y a plusieurs candidats qui ont soulevé la question du besoin d’effet de levier. Chaque dollar que nous investissons, nous devons avoir beaucoup plus de ressources pour pouvoir stimuler également l’investissement privé qui est critique. Les ressources de la banque ne suffiront jamais pour les besoins du continent.
Il est important que l’on puisse augmenter cet effet de levier et attirer l’investissement privé. Merci bien monsieur. Je vous remercie.