Le Centre médical africain d’excellence (AMCE) a été officiellement inauguré ce jeudi à Abuja, capitale du Nigeria. Ce projet de 300 millions de dollars US, porté par la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) en partenariat avec le King’s College Hospital de Londres, illustre une volonté affirmée du continent de bâtir une infrastructure médicale souveraine et compétitive. La cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence du vice-président nigérian, Kashim Shettima, représentant le président Bola Ahmed Tinubu, ainsi que de nombreux représentants du secteur public et privé.
Conçu selon les standards internationaux, l’AMCE se positionne comme le plus grand hôpital privé spécialisé d’Afrique de l’Ouest. Il propose des services de haut niveau en oncologie, hématologie, cardiologie et médecine générale. Doté de 170 lits dans un premier temps, il prévoit d’atteindre une capacité de 500 lits à terme. L’établissement abrite notamment le plus grand laboratoire de cellules souches de la sous-région, une première pour le Nigeria. Cette initiative vise à endiguer les flux financiers qui quittent le continent — estimés entre 6 et 10 milliards de dollars par an — pour des soins médicaux à l’étranger.
Le président d’Afreximbank, le Professeur Benedict Oramah, a évoqué l’origine personnelle de son engagement : « En 2013, j’ai été sauvé par l’excellence médicale britannique. Aujourd’hui, l’AMCE symbolise notre réponse stratégique pour créer un écosystème de santé capable de sauver des vies sur le continent. » Il a également annoncé la création de l’Africa Life Sciences Foundation, une plateforme de mobilisation de capitaux à risque destinée à financer la recherche médicale et l’innovation en Afrique. Un
appel a été lancé aux gouvernements, aux banques et aux investisseurs privés pour soutenir cette dynamique.
Le développement de l’AMCE s’inscrit dans un contexte post-pandémique qui a révélé les limites des systèmes de santé africains face à des ruptures d’approvisionnement mondiales. L’Afrique, confrontée à une forte charge de morbidité endémique (drépanocytose, paludisme, cancers non dépistés), doit désormais produire localement des solutions adaptées. Le président Tinubu, dans un discours relayé par son vice-président, a souligné l’importance des infrastructures complémentaires (routes, énergie, connectivité) pour soutenir cette ambition.
À travers ce projet, le Nigeria ambitionne de devenir un hub régional pour les soins spécialisés, la formation médicale et la recherche. L’AMCE prévoit, dans sa prochaine phase, la construction d’un second hôpital, des écoles de médecine et d’infirmiers, des centres de recherche ainsi que des logements pour les personnels. Pour les acteurs économiques et institutionnels du continent, ce centre constitue un signal fort : investir dans la santé n’est plus seulement une urgence sociale, mais un pilier stratégique de développement.