Lors d’un discours liminaire poignant prononcé lors des 32e Assemblées annuelles d’Afreximbank, le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a salué la Banque africaine d’import-export, pierre angulaire de la souveraineté continentale, tout en remettant la deuxième plus haute distinction nationale du Nigéria, le Grand Commandeur de l’Ordre du Niger (GCON), au président sortant de la Banque, Pr Benedict Oramah.
La cérémonie a souligné le rôle moteur d’Afreximbank dans le développement accéléré et inclusif de l’Afrique et dans la croissance économique du pays.
Le président Tinubu a présenté les 32 années d’existence d’Afreximbank comme l’incarnation de la détermination de l’Afrique à, selon ses propres termes, « prendre en main son développement », saluant la « décennie de leadership transformateur » du professeur Oramah, qui a élevé l’institution au rang de principale institution africaine de financement du commerce. Sous la direction du professeur Oramah, les actifs d’Afreximbank sont passés de 5 milliards de dollars à plus de 37 milliards de dollars, mobilisant 250 milliards de dollars pour le commerce et le développement, dont 50 milliards au cours de la seule dernière décennie. Le président Tinubu a souligné que ces capitaux représentaient bien plus que de simples transactions financières. Il s’agissait également d’un investissement stratégique pour la souveraineté de l’Afrique, le Nigéria ayant reçu 52 milliards de dollars d’aide essentielle pour des projets dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de la santé et de l’industrie.
Le président a mis en avant des collaborations phares symbolisant l’engagement d’Afreximbank : l’extension de la raffinerie de Dangote, réduisant la dépendance de l’Afrique aux importations de carburant, le Centre médical africain d’excellence de 500 lits à Abuja, qui freine le tourisme médical, et le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), révolutionnaire, permettant les échanges transfrontaliers en monnaies locales. « Adoptez le PAPSS », a exhorté le président Tinubu aux pays africains, soulignant qu’une intégration financière plus poussée renforce le continent contre la volatilité mondiale tout en favorisant la stabilité économique.
Liant le soutien d’Afreximbank aux réformes audacieuses du Nigéria, le président Tinubu a reconnu la suppression « difficile mais essentielle » des subventions aux carburants et l’unification du naira, des mesures douloureuses qui portent désormais leurs fruits. Le Nigéria a enregistré une croissance du PIB de 3 % en 2024, avec une production pétrolière atteignant 1,5 million de barils par jour et un service de la dette réduit de 96 % à 65 % des recettes. Au-delà des statistiques, le président Tinubu a souligné l’impact humain : 100 000 Nigérians ont accédé à de nouveaux crédits à la consommation, des programmes de prêts étudiants historiques, 8 180 cliniques de soins de santé primaires revitalisées et le déploiement national de la fibre optique réduisant la fracture numérique.
Pour l’avenir, le président a dévoilé d’ambitieuses initiatives panafricaines destinées à redéfinir le rôle de leader du Nigéria. La Banque africaine de l’énergie, dont le siège est à Abuja, financera la transition énergétique du continent en s’appuyant sur le gaz et les énergies renouvelables. La production d’engrais atteindra 7,5 millions de tonnes par an, positionnant le Nigéria comme garant de la sécurité alimentaire de l’Afrique. L’Africa Trade Centre, doté de 3,5 milliards de dollars américains, favorisera la croissance des PME dans les industries créatives. « Le commerce interafricain n’est pas seulement un objectif, c’est notre voie vers l’industrialisation et l’emploi », a déclaré le président Tinubu, appelant à une détermination collective contre le protectionnisme mondial.
Le moment clé a été la remise par le président Tinubu de la distinction de Grand Commandeur de l’Ordre du Niger (GCON) au professeur Oramah, le qualifiant d’architecte de la résilience africaine. « Votre leadership a fait d’Afreximbank notre bouclier de confiance contre les chocs économiques », a-t-il déclaré, citant l’héritage du professeur Oramah, pionnier de la souveraineté des soins de santé, finançant 65 % des infrastructures solaires du Nigéria et institutionnalisant l’autonomie. Cette distinction rare et prestigieuse a récompensé les dix années de travail du professeur Oramah pour avoir fait de la banque un « bâtisseur de la croissance de l’Afrique ».
Concluant par un appel à l’unité, le président Tinubu a invoqué l’esprit fondateur d’Afreximbank. « L’histoire témoigne de dirigeants qui façonnent leur propre destin. Unissons-nous, car la prospérité de l’Afrique n’attend personne. » Alors que le professeur Oramah s’apprête à passer le relais, l’hommage du président Tinubu a consolidé l’héritage d’Afreximbank, une institution qui a transformé le commerce africain, d’une aspiration à une souveraineté concrète.
