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Contrôle technique automobile, insécurité routière… : David Fofana, président directeur général de Mayelia Participations fait le grand déballage

David Fofana, président-directeur général de Mayelia Participations, nouveau propriétaire de la SICTA, anciennement contrôlée par le groupe Suisse SGS était jeudi 24 avril 2025 l’invité de la chaîne de télévision NCI. À cette occasion, il a dressé un état des lieux du contrôle technique automobile en Côte d’Ivoire et a partagé son intention de jouer un rôle clé auprès de l’État ivoirien dans la lutte contre l’insécurité routière.

par Redaction

Comment vous sentez-vous après l’acquisition historique, avec le rachat d’une entreprise, longtemps restée dans les annales de l’histoire de la Côte d’Ivoire ?

C’est un sentiment de fierté, mais nous prenons toute la mesure de la responsabilité aujourd’hui qu’il nous imprime. Nous avons encore beaucoup plus de travail à faire parce que tout le monde nous regarde aujourd’hui. Le peuple de Côte d’Ivoire nous regarde, la sous-région nous regarde et on aimerait pouvoir faire les choses de façon à pouvoir ouvrir les portes à d’autres entrepreneurs locaux pour pouvoir prendre en main l’envers de l’économie de notre pays et de la sous-région.

Quelle est l’histoire derrière ce rachat de la SICTA ? Est-ce qu’il y a eu un parcours du combattant pour arriver à ce résultat ?

On a commencé nos contrôles techniques en 2020. On a été accrédité par le ministère des Transports dans le cadre de cette délégation. On avait, pour rôle d’accompagner l’État de Côte d’Ivoire dans la mise en œuvre de sa politique de sécurité routière. On a débuté modestement avec trois centres qu’on a déployés sur Abidjan. On avait à peu près une vingtaine d’employés. Très rapidement, avec l’expertise et l’engagement des équipes, on a pu bénéficier d’un accompagnement financier au niveau bancaire local, ce qui nous a permis rapidement de monter en puissance sur l’ensemble de l’étendue du territoire ivoirien. C’était un réel satisfecit au niveau de la qualité de nos prestations, au niveau de la couverture, du rapprochement des services aux usagers. On a près d’une vingtaine de sites répartis sur toute l’étendue du pays, avec à peu près 200 employés à la fin de l’année 2024 en ce qui concerne Mayelia Automotive dans Côte d’Ivoire.

Comment ça se fait que le petit poussé qui a démarré en 2020, la start-up, arrive à racheter une multinationale ? Quelles ont été les conditions de ce rachat ?

Avant de parler de conditions de rachat, il faut dire que notre agilité nous a beaucoup aidé. On a investi dans le capital humain. Ça a été très important. Avec cette agilité, on a assez rapidement capté des parts de marché stratégiques au niveau des concessionnaires automobiles, au niveau des compagnies de transport avec des parts à véhicules importants. Ce qui a vraiment rassuré les différentes entreprises et les usagers du camp public vers nous. Très rapidement, je pense que le concurrent s’est rendu compte qu’on grattait des parts de marché et qu’il fallait composer, discuter. On a commencé par discuter ensemble à l’époque de partenariats stratégiques avant d’aboutir à cette acquisition. Il faut préciser que SGS a fait un excellent travail depuis la reprise en main de la SICTA au début des années 90. Elle a beaucoup investi en termes de matériel, de logiciel, d’équipement pour pouvoir mettre à niveau… (…) Je crois que dans le cadre de l’environnement actuel qui favorise l’éclosion des champions nationaux, au terme de nos discussions, ils se sont dit au lieu d’un partenariat commercial, on fait confiance à votre expertise, votre engagement, vos équipes, donc on vous propose dans cette reprise-là de notre activité de contrôle technique en Côte d’Ivoire.

C’était quoi la recette que vous avez employée qui a marché ?

Déjà, il faut investir dans le capital humain. Il faut faire confiance aux jeunes ivoiriens. On a des talents en Côte d’Ivoire. On a des jeunes entrepreneurs, des jeunes ingénieurs, des jeunes commerciaux qui sont brillants. Mais on n’a pas de dispositif réel au niveau de nos États pour accompagner tous ceux-ci. Et c’est ce qui crée beaucoup de problèmes aux entreprises. On a eu beaucoup de chance. On a bénéficié de notre réseau, on a bénéficié d’appui, on a bénéficié d’un certain nombre de cautions pour pouvoir lever des fonds.

Beaucoup d’observateurs ont été surpris de votre capacité à lever des fonds ? Derrière, il y a aussi une leçon ?

La leçon, c’est le sérieux, c’est la rigueur. On a commencé tout petit. On a commencé déjà par lever 1 milliard FCFA pour pouvoir lancer nos activités.

Au niveau local…

On a travaillé essentiellement au niveau local. On est ensuite passé, à quelques années, à 3 milliards de FCFA. Les banques se sont senties en confiance. Mais on a eu des périodes de tensions de trésorerie où c’était difficile de payer même les salaires. Mais, on mettait en priorité le paiement de nos échéances bancaires. Ce qui a conforté et rassuré nos banques. Au moment où il fallait passer à 5 milliards de FCFA, les banques ont été présentes. On a décidé de se déployer en Guinée où on a eu l’appui aussi des banques locales sur place qui sont représentantes de la Côte d’Ivoire ailleurs. Donc, c’est le sérieux, la rigueur, le respect de discipline. (…) Il faut qu’on essaie d’avoir un dispositif particulier pour accompagner les champions nationaux. Parce que le système bancaire, la réglementation même bancaire, n’est pas faite pour pouvoir aider les jeunes entrepreneurs aujourd’hui. On a beaucoup d’entreprises, de jeunes, qui ont des projets intéressants. Malheureusement, ils ne peuvent pas avoir de financements.

David Fofana, beaucoup de gens se demandent quel a été le coût de l’opération. Cette opération de rachat de la SICTA ?

On n’a rien à cacher. On va essayer de ne pas… vu que dans le partenariat, il s’agit quand même de deux entités importantes, on ne va pas donner des chiffres précis là-dessus. Mais ça cela a valu quand même quelques milliards de FCFA. Et les financements ont été essentiellement levés en Côte d’Ivoire avec des banques ivoiriennes, des banques locales. C’est ce que nous pouvons dire.

La visite technique automobile en Côte d’Ivoire est perçue pour beaucoup comme un parcours du combattant. C’est quoi l’offre de services présentée aujourd’hui ?

Aujourd’hui, nous sommes engagés à vraiment améliorer le parcours client. Et c’est connu de tous, la visite technique en 30 minutes, elle est faite sur l’ensemble de nos stations. La visite technique en Côte d’Ivoire, c’est 30 minutes. C’est confirmé, c’est testé. Aujourd’hui, on a pu vraiment faire un déploiement de sorte à pouvoir faire bénéficier à nos usagers un gain de temps exceptionnel. Une offre vraiment dédiée pour pouvoir rapprocher ce service. Les gens n’ont plus à se déplacer. Le contrôle technique et l’inspection des véhicules viennent à eux.

Alors, tout cela, représente combien d’emplois environ ?

Cumulé sur les deux entités que nous avons aujourd’hui, nous sommes à peu près 700 employés aujourd’hui. Nous avons à peu près 300 employés au niveau de la SICTA et sur Mayelia Automotive, quasiment 250 employés.

Sur Mayelia Automotive Guinée aussi, nous avons des activités, à peu près une centaine d’employés. Donc, tout ça mis ensemble, nous avons un réseau aujourd’hui qui a pu créer 700 emplois directs. Et ça, c’est une réelle fierté pour nous parce que nous savons que les difficultés dans nos États africains, dans les pays, c’est l’accès à l’emploi.

Selon vous, quels sont les enjeux de ce secteur-là ? Est-ce que ça peut être un secteur catalyseur, créateur d’emplois, à fort potentiel ?

C’est un secteur à fort potentiel. Le secteur de l’automobile, aujourd’hui, en Côte d’Ivoire tout comme  dans la sous-région même,  est un secteur à fort potentiel qui peut permettre de développer beaucoup de choses. On va parler de sécurité routière. Aujourd’hui, la sécurité routière fait perdre beaucoup d’argent à l’état de Côte d’Ivoire. On a, à peu près par an, environ 15 000 accidents qui arrivent, avec un peu plus de 1 000 tués sur les routes. Le gouvernement fait beaucoup. Le ministère des Transports déploie toute une stratégie nationale de sécurité routière, et nous, en tant qu’opérateurs privés, nous essayons de contribuer, d’apporter, donc, notre contribution à cette stratégie-là pour pouvoir réduire le nombre d’accidents. On a à peu près 40 000 véhicules par an qui entrent en circulation. On a 1 800 000 véhicules quasiment qui circulent sur toute l’étendue du territoire. Mais rendez-vous compte qu’on a simplement à peu près 700 000 véhicules qui viennent au contrôle technique. Donc, on a quasiment la moitié des véhicules qui ne viennent pas au contrôle technique.

Comment vous expliquez cela ? Comment cette moitié arrive à passer entre les mailles des organes censés faire la sécurité ?

C’est un constat que nous faisons, et tout est mis en œuvre vraiment au niveau des autorités qui font un excellent travail pour pouvoir capter ces véhicules-là. Mais le constat, il est là, et la stratégie nationale de sécurité routière qui est mise en œuvre vise à faire venir tous ces véhicules parce qu’en plus, il y a vraiment une déperdition de recettes pour l’État.

Parce que vous savez que le contrôle technique est couplé à la collecte de la taxe sur les véhicules à moteur. Donc, vous imaginez que ce cadre de véhicules, quasiment un million de véhicules qui ne viennent pas au contrôle technique, s’ils payaient leur taxe, vous voyez ce que ça représenterait pour l’État de Côte d’Ivoire. Donc, pour nous, c’est vraiment important de pouvoir avoir un dispositif pour capter l’ensemble de ces véhicules. Parce que pourquoi on arrive, au niveau des assurances, à avoir un million deux cent mille véhicules qui payent leur assurance correctement et au niveau du contrôle technique, on a simplement à peu près sept cent mille véhicules.

 

Peut-être parce que le contrôle n’est pas si accentué que ça ? Est-ce que vous avez justement des recommandations à faire dans le sens de ramener la majorité à réaliser leur visite ?

 

Le gouvernement fait déjà beaucoup. Nous, on les aide, on les accompagne, il y a beaucoup d’actions conjointes qui vont être lancées. Au niveau de la police, la gendarmerie, beaucoup d’actions sont menées. Le ministère des Transports, via donc l’Office National de Sécurité Routière, la Direction Générale des Transports terrestres, beaucoup d’actions pour essayer de réduire au maximum ce nombre de véhicules qui ne viennent pas au contrôle technique. Mais c’est difficile, et je crois que dans les mois à venir, les actions qui vont être menées pourront contribuer à réduire ce nombre de véhicules-là.

 

En Côte d’Ivoire, on a combien d’accidents de la circulation par an ? Vous avez les derniers chiffres ?

 

Ces trois dernières années, nous sommes allés d’à peu près 12 000 à autour de 12 000 à 13 000 accidents par an. Mais il y a vraiment une baisse au niveau du nombre de blessés, du nombre de tués, au regard de toutes les actions qui sont mises dans le cadre de la lutte contre l’insécurité routière.

 

À l’analyse, les principaux facteurs sont-ils humains ou techniques ?

 

Humains. Pour la plupart du temps, c’est des facteurs humains. Il y a des facteurs techniques qui arrivent. Des fois, bien sûr, le ministère des Transports a mis en place ce qu’on appelle la grande enquête accident pour pouvoir avoir l’exactitude des causes liées à ces différents chiffres et des causes assez précis. Mais ce que nous pouvons constater aussi, c’est qu’il y a une grosse sensibilisation qui est faite de sorte à ce que les conducteurs, les usagers de la route puissent vraiment respecter le code de la route. Parce que c’est ça, vraiment. On a un désordre au niveau de la circulation routière et ça, c’est pas du tout agréable.

 

Quel est l’apport du groupe dans la lutte contre les accidents de la route ?

 

Alors, nous sommes un jeune groupe ivoirien qui a décidé d’investir, de se mettre aux côtés du gouvernement dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité routière. Nous appuyons l’État de Côte d’Ivoire en termes de sensibilisation. Nous appuyons l’État en faisant des investissements pour pouvoir ouvrir des centres de contrôle technique partout, donc, sur l’étendue du territoire national. Nous travaillons aussi, donc, à hisser haut le drapeau ivoirien. Dans la sous-région, nous avons déjà démarré nos activités en Guinée, et nous sommes aujourd’hui en train de préparer nos déploiements au Sénégal, au Bénin et dans d’autres pays.

Propos retranscris par Venance Kokora

 

 

 

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