La plus grande conférence annuelle sur le climat au monde s’ouvre lundi à Bakou, en Azerbaïdjan, et les pays africains intensifient leurs efforts pour lutter contre le changement climatique. À cette occasion, la Banque africaine de développement entend mobiliser des ressources supplémentaires pour l’action climatique en Afrique et lancer une nouvelle approche audacieuse pour évaluer les économies africaines en incluant leur « richesse verte ».
Organisée par le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP29 fait suite à la décision historique prise l’an dernier lors de la COP28 de créer un Fonds pour les pertes et dommages. Le sommet de cette année, surnommé « COP Finance », verra les pays négocier de nouveaux objectifs de financement climatique.
L’Afrique, avec ses vastes forêts qui séquestrent le carbone et ses ressources propices à la croissance verte, dispose d’un potentiel énorme pour favoriser l’accès à l’énergie propre pour des millions de personnes. Pourtant, l’Afrique subsaharienne reçoit moins de 3 % du financement mondial de la lutte contre le changement climatique, ce qui entrave les efforts visant à faire progresser les plans nationaux d’adaptation et les contributions déterminées au niveau national dans le cadre de l’Accord de Paris.
« Il n’y a aucune raison pour que l’Afrique soit pauvre en ressources vertes. L’Afrique doit devenir riche en ressources vertes en évaluant correctement ses vastes contributions aux services environnementaux mondiaux », a déclaré le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, lors d’une réunion des ministres africains des finances, de l’économie, des affaires étrangères, du changement climatique et de l’environnement à l’approche de la COP29.
Pour parvenir à cette richesse verte, Adesina préconise un réétalonnage du PIB des pays africains afin de tenir compte des ressources naturelles telles que les forêts et les puits de carbone. Ce réétalonnage pourrait révéler un PIB nettement plus élevé, reflétant mieux les contributions environnementales de l’Afrique.
Le prochain sommet de la COP29 offrira aux dirigeants africains une plateforme pour présenter « Mesurer la richesse verte de l’Afrique », une initiative qui pourrait redéfinir les économies africaines. Selon les estimations préliminaires de la Banque africaine de développement, l’ajustement pour la séquestration du carbone aurait pu à lui seul augmenter le PIB nominal de l’Afrique de 66,1 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 2,2 %. Six pays du bassin du Congo (Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Guinée équatoriale et Gabon) ont représenté près de 64 % de cette augmentation.
« Cela signifie que les pays pourront disposer d’une plus grande marge de manœuvre pour mobiliser davantage de financements et les investir dans la verdissement de leurs économies. Une telle démarche est donc importante pour recalculer la viabilité de la dette de l’Afrique », a déclaré Adesina.
Au cours de la réunion, les pays participants ont exprimé leur soutien sans réserve à cette initiative. La République du Congo et le Kenya sont les principaux promoteurs de cette initiative.
Adesina a appelé à ce que les résultats du sommet des chefs d’État de la COP soient présentés avant le sommet de l’Union africaine l’année prochaine.
Mobiliser davantage de ressources pour aider les pays africains à lutter contre le changement climatique
L’Afrique ne reçoit que 3 à 4 % des financements mondiaux pour le climat, alors qu’elle compte 9 des 10 pays les plus vulnérables au changement climatique. L’augmentation de la part des financements climatiques destinés aux pays africains est l’une des principales raisons de la présence de la Banque à la COP29.
Le Guichet d’action climatique du Fonds africain de développement (FAD) accueillera, le mercredi 13 novembre, une session pour discuter des moyens de débloquer des financements climatiques pour les communautés vulnérables d’Afrique par l’intermédiaire de ce bras essentiel du Groupe de la Banque. Le Guichet d’action climatique a été créé dans le cadre du 16e cycle de reconstitution des ressources du Fonds pour aider à combler le déficit important de financement climatique de l’Afrique.
Parmi les autres événements de haut niveau figurent la réunion de mercredi sur la mesure de la richesse verte des nations africaines , à laquelle participeront les chefs d’État et de gouvernement. Elle sera suivie du lancement d’un rapport sur la richesse verte. La Banque organisera un événement pour mobiliser le soutien à la mission 300, une initiative conjointe avec le Groupe de la Banque mondiale et ses partenaires visant à connecter 300 millions de personnes en Afrique à l’électricité d’ici 2030.
L’Union africaine et le gouvernement de la République de Tanzanie organisent un événement parallèle de haut niveau sur la cuisson propre intitulé « Relever les défis de la cuisson propre en Afrique : un appel au leadership africain ». Cet événement soulignera le besoin urgent de leadership politique, de partenariats innovants et d’investissements financiers substantiels pour parvenir à des solutions de cuisson propres et durables dans toute l’Afrique.
Pour en savoir plus sur les activités de la Banque à la COP29 et pour suivre le Pavillon Afrique, coparrainé par la Banque africaine de développement comme plateforme et voix pour la participation effective de l’Afrique aux discussions sur le changement climatique.
Source : BAD