Le principal événement africain consacré au commerce et à l’investissement, la Foire Intra-Africaine 2025 (IATF2025), a officiellement ouvert ses portes aujourd’hui à Alger. Les pays africains sont appelés à accélérer la croissance du commerce intra-africain et à renforcer l’intégration économique.
S’adressant aux délégués, dont des dirigeants africains et caribéens, ainsi qu’à des chefs d’entreprise, lors de la cérémonie d’ouverture officielle de l’IATF2025 à Alger, le Président de la République algérienne démocratique et populaire, Abdelmadjid Tebboune, a invité les pays à approfondir leurs liens économiques en augmentant les flux commerciaux afin de stimuler la croissance, de créer des emplois et de protéger les économies des effets des événements géopolitiques mondiaux actuels.
Le Président a souligné la nécessité de renforcer la connectivité sur le continent en comblant les lacunes en matière d’infrastructures afin de faciliter le commerce intra-africain. Il a énuméré les projets d’infrastructures régionales en cours en Algérie, notamment la route transsaharienne reliant Alger aux pays voisins, le gazoduc algérien qui répond aux besoins énergétiques de la région et la fibre optique pour l’autonomie numérique. Ceci s’ajoute au renforcement des liaisons aériennes et maritimes avec les pays voisins.
Accueilli par la République algérienne démocratique et populaire, l’IATF2025 rassemblera pendant les sept prochains jours des milliers de visiteurs et d’acheteurs, ainsi que plus de 2 000 exposants venus du monde entier. L’événement est co-organisé par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), la Commission de l’Union africaine et le Secrétariat de la ZLECA, et devrait faciliter des échanges commerciaux et des accords d’investissement d’une valeur de plus de 44 milliards de dollars américains.
Selon le président du Conseil consultatif de l’IATF2025 et ancien président de la République fédérale du Nigéria, Olusegun Obasanjo, 48 pays africains participent à l’IATF2025, la plus grande exposition à ce jour depuis sa création en 2018.
« Au cours des huit dernières éditions, l’IATF a démontré sa capacité à connecter les acheteurs, les vendeurs, les investisseurs, les innovateurs et les gouvernements de tous les coins d’Afrique et, désormais, de l’Afrique mondiale. L’IATF est devenue le moteur de l’expansion commerciale et des flux d’investissement », a ajouté S.E. Obasanjo.
Depuis sa création en 2018, l’IATF a réuni plus de 4 500 exposants, attirant plus de 70 000 participants venus de 130 pays, et a facilité la conclusion d’accords commerciaux et d’investissement pour un montant supérieur à 118 milliards de dollars américains. Des milliers d’entreprises africaines ont noué des liens avec de nouveaux partenaires et ont pénétré de nouveaux marchés grâce à la plateforme.
Obasanjo a mis en avant le projet hydroélectrique Julius Nyerere (barrage de Rufiji), d’un montant de 2,9 milliards de dollars américains,l’un des plus grands projets d’infrastructures énergétiques d’Afrique parmi les nombreuses réussites de l’IATF. L’accord a été conclu lors de la Foire commerciale du Caire en 2018 entre des entrepreneurs égyptiens et le gouvernement tanzanien et exécuté exclusivement par des entreprises africaines, devenant ainsi le plus important contrat EPC intra-africain du continent.
Secrétaire général du Secrétariat de la ZLECA, Wamkele Mene, a exhorté les dirigeants à accélérer la mise en œuvre de la ZLECA afin de renforcer la résilience et de préserver les intérêts collectifs du continent face aux incertitudes mondiales actuelles et à l’évolution des échanges commerciaux.
« Le commerce intra-africain a fortement rebondi en 2024, atteignant 220,3 milliards de dollars, soit une augmentation de 12,4 % par rapport à 2023, selon le Rapport sur le commerce africain 2025 d’Afreximbank. Cette reprise souligne la confiance croissante dans le modèle d’intégration de l’Afrique dans le cadre de la ZLECA. Les données montrent une évolution progressive de la composition des échanges commerciaux du continent. Si les matières premières dominent toujours, on observe une nette croissance dans les secteurs des machines, des véhicules automobiles, des produits alimentaires, des produits chimiques et de l’électronique. Cette évolution marque la transition de notre continent, passant d’une dépendance aux matières premières à une diversification industrielle, une transition qui ne sera soutenue que par des chaînes de valeur logistiques et manufacturières plus solides », a déclaré M. Mene.
La vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, l’ambassadrice Selma Malika Haddadi, a souligné que l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 2,9 % au commerce mondial ; et que, bien que le commerce intra-africain ne représente encore qu’une petite fraction du commerce global du continent, il est en constante augmentation, avec une croissance de 27 % entre 2017 et 2023.
« Notre commerce intérieur peut être un puissant moteur d’industrialisation. En effet, contrairement à notre commerce international, le commerce intra-africain est principalement porté par les produits manufacturés. Alors que les exportations africaines hors du continent ne représentent que 20 % des produits manufacturés, 45 % des échanges entre les pays africains concernent des produits manufacturés. Malgré son potentiel, le commerce intra-africain existe encore et ne représente que 15 % du commerce africain total. Ce déséquilibre n’est pas seulement le résultat d’un régime commercial international injuste. Il est également le résultat des choix que nous avons faits, et donc des choix que nous avons faits. Nous avons le pouvoir de changer. Le commerce intra-africain est et doit être notre priorité », a ajouté S.E. Haddadi.
