À l’initiative du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), les journalistes Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil ont enquêté pour mieux cerner la réalité économique des diasporas africaines de France, mais aussi pour évaluer leur impact sur le continent. En constante augmentation, les flux financiers envoyés en Afrique par les diasporas représentent 70 milliards d’euros par an, dont 10 milliards en provenance de France, selon un communiqué dont Le Kiosque de l’Eco a reçu copie.
Alors que l’Afrique enregistre une croissance durable et bénéficie de sauts technologiques grâce au digital, les 3,5 millions de personnes que comptent les diasporas africaines de France se tournent de plus en plus vers le continent pour prendre part à cette dynamique. Beaucoup de projets, d’initiatives entrepreneuriales ou associatives voient ainsi le jour, et des fonds importants sont investis.
Longtemps négligé, le rôle économique des diasporas commence désormais à être reconnu. Les transferts de fonds sont devenus une source de financement essentielle pour de nombreuses économies africaines, dépassant les montants de l’aide publique au développement et contribuant parfois jusqu’à 20% du Produit intérieur brut des pays concernés. Multipliés par dix en trente ans, les envois de fonds de la diaspora africaine représentent aujourd’hui, selon la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (Cnued), 51% des apports de capitaux privés sur le continent.
Si 10% seulement de ces flux étaient dirigés vers des investissements structurants ou des créations d’entreprise en Afrique, le continent bénéficierait d’une source de financement de 7 milliards d’euros par an, équivalent à 15% des investissements directs étrangers annuels. Un levier de croissance considérable !
À quelques semaines du Forum Afrique 2019 du Moci et du Cian (le 8 février à Paris), ce troisième volume des Cahiers du Cian dresse donc un panorama inédit des diasporas africaines de France à travers les témoignages d’une cinquantaine de leurs représentants. Il décrit leur mobilisation et leur montée en puissance, sans occulter les freins et obstacles à une implication encore plus forte dans les économies de leur pays d’origine.
Cet ouvrage rend compte du désir de la diaspora de bénéficier du dynamisme économique de l’Afrique, d’y réussir et d’y entreprendre, tout en contribuant à l’essor du continent. Cela passe aussi par le partage de ses compétences et son expertise. Elle jouera un rôle moteur pour développer un tissu de Tpe-Pme à même de créer des emplois sur le continent ; elle contribue à diffuser des pratiques professionnelles et des engagements managériaux favorables à l’essor du continent.
« Sur le rôle des diasporas, nous vivons une prise de conscience et une évolution profonde et définitive des états d’esprits, estime Etienne Giros, président délégué du Cian. Il reste à les transformer en réalités et réalisations pratiques, en faveur du développement de l’Afrique. Le secteur privé français, et le Cian en particulier, est prêt à y prendre sa part. Ce livre en est le témoignage».
issouf.kamagate@lekiosque-deleco.com