Dans la dynamique d’une Afrique économiquement résiliente et plus autonome, des anciens et actuels Chefs d’Eat et de gouvernement ont présenté leur stratégie de développement pour l’adoption d’une monnaie commune et la réduction de la dette. Ce, au troisième jour des 32e Assemblées annuelles d’Afreximbank (AAM2025), à Abuja (Nigeria).
Des voix majeures de l’Afrique de l’ouest francophones ont exprimé leur point de vue, dont Moussa Sanogo, ministre ivoirien du Patrimoine, du Portefeuille de l’État et des Entreprises publiques, qui représentait le Président de la République Alassane Ouattara et l’ancien président sénégalais Macky Sall, qui ont récemment mis en lumière deux piliers essentiels du développement économique en Afrique : la nécessité d’une monnaie commune adossée aux réalités commerciales intra-africaines et une restructuration du financement du développement.
Pour Moussa Sanogo, la question monétaire ne peut être détachée du tissu productif des économies africaines. Il insiste sur le fait qu’une monnaie commune ne pourra exister que si les économies africaines renforcent la qualité de leur production et intensifient leurs échanges. L’idée centrale est que l’intégration économique précède l’unification monétaire : « La monnaie, c’est avant tout la réalité des échanges commerciaux », affirme-t-il.
La dépendance actuelle à une monnaie extérieure limite la marge de manœuvre des pays ouest-africains. Sanogo propose une vision à long terme où une monnaie africaine autonome naîtrait de la transformation économique interne, permettant de réduire les besoins en devises étrangères pour le commerce régional. Il rappelle à cet effet les progrès de la Côte d’Ivoire, soulignant l’importance de la transformation industrielle comme levier d’échanges régionaux renforcés.
Réforme de la dette et financement du développement : l’appel de Macky Sall
Sur un autre registre, Macky Sall s’est exprimé sur les contraintes d’endettement qui freinent le développement des pays africains. Il déplore les mécanismes actuels, qu’il juge inadaptés aux réalités des États africains. Selon lui, « il faut restructurer la dette multilatérale publique, surtout dans l’éducation et la santé », secteurs pourtant cruciaux pour un développement humain durable.
L’ancien président a cité l’exemple du Plan Sénégal Émergent (PSE), une stratégie qui a permis à son pays de mobiliser des financements trois fois supérieurs aux ressources intérieures initialement prévues. Cette performance a été déterminante dans le développement des infrastructures et l’atteinte d’une relative autosuffisance énergétique. Mais il alerte sur la difficulté croissante à obtenir des ressources à des conditions viables, dans un contexte international de plus en plus restrictif.
Une convergence nécessaire entre souveraineté monétaire et réforme financière
Les interventions de ces deux personnalités illustrent un besoin partagé : renforcer la souveraineté économique de l’Afrique, à la fois sur le plan monétaire et dans sa capacité à financer son développement. La monnaie, dans cette perspective, devient un outil au service d’un commerce régional dynamique, tandis que la réforme des mécanismes de financement apparaît comme une condition sine qua non d’un développement durable et équitable.
Au cœur de ces réflexions, se dessine une Afrique qui aspire à sortir de la dépendance, en posant les fondations d’une économie résiliente, intégrée et structurée autour de ses propres priorités.